L’histoire du site

Byllis surplombe la rivière Vjosa et occupe de ce fait une place stratégique. Cela explique pourquoi, pendant l’Antiquité, plusieurs peuples ont successivement contribué au développement du site.

L’histoire du site

Byllis est un site archéologique qui se situe dans la région de Mallakastër, sur la colline de Gradishtë à 500 mètres de hauteur. La position stratégique permet de dominer la rivière Vjosa. Le site s’étend sur une superficie de 30 hectares et son histoire sur une période de près de neuf siècles

Les origines de Byllis

La construction des murs qui entourent l’enceinte de la cité byllione remonte aux années 370-350 avant Jésus-Christ. D’après la légende, cette cité aurait été bâtie par le Grec Néoptolème fils d’Achille à la suite de son retour de la Guerre de Troie. Cette revendication homérique était très en vogue : et une autre communauté illyrienne, les Amantins, se revendiquaient par exemple des Abantes Eubéens de retour de la Guerre de Troie également. Et faut-il rappeler que les Romains se considèrent comme les descendants du Troyen Énée ? Quoi qu’il en soit, les historiens ont démenti cette légende (major e longinquo reverentia, des faits peuvent paraître grandiose quand ils sont loin dans le passé…) et montré que la cité daterait plutôt de la première moitié du IVème siècle avant Jésus-Christ.

À cette période, et ce depuis la fin du néolithique, la région est habitée par les Illyriens. Ce peuple, de souche indo-européenne, est mal défini. Les Illyriens seraient, dans l’Antiquité, les habitants de la partie orientale des Balkans, et soit en longeant la côte par le Nord, soit en traversant le Détroit d’Otrante par le Sud, ils se seraient installés en Italie sur la côte adriatique, imitant de cette façon les Grecs. Les Illyriens ne se reconnaissaient pas comme un seul peuple, et l’appellation provient de leurs voisins méridionaux grecs. Ceux-ci les considéraient comme des barbares, donc comme des non-Grecs, et leur reconnaissaient un ancêtre illustre, Illyros, descendant d’une famille régnante en Phénicie. Néanmoins, les Grecs et les Illyriens étaient économiquement et culturellement étroitement liés, et ce au moins depuis la création en Illyrie de la colonie grecque d’Épidamnos au VIIème siècle avant Jésus-Christ (latinisée en Dyrrachium puis albanisée en Durrës). Les Albanais se revendiquent des Illyriens, un peu comme les Français se revendiqueraient des Gaulois ou les Italiens des Latins.

La période hellénistique

Byllis fût imaginée pour devenir la capitale de la communauté byllionne car sa situation géographique était un atout stratégique pour contrôler les allées et venues dans la vallée d’Aoos, aujourd’hui la Vjosa, vers les royaumes d’Épire et de Macédoine. Suite à la défaite du roi illyrien Glaucias en 314 avant Jésus-Christ, la région des Byllionnes, ainsi qu’Apollonia et Dyrrhachium, tombèrent sous l’autorité du roi macédonien Cassandre. Il fallut attendre encore quelques années pour que la cité soit occupée par le fameux roi macédonien Pyrrhos d’Épire et son fils Alexandre. C’est vers 270 avant Jésus-Christ sous le règne du roi illyrien Mytilios que les Bylliones créèrent leur Koinon, une communauté politique qui reposait sur l’Ekklesia, une sorte d’assemblée des citoyens. Son système politique s’étendait sur une superficie de 20 km² et comprenait plusieurs villes telles que Byllis, Klos, Gurëzezë, Margelliç. Le Koinon frappait sa propre monnaie en bronze avec un symbole différent de la cité d’Appolonia afin d’établir une concurrence sur le marché local.

En 229 avant J-C Byllis s’allie avec la cité d’Apollonia et la région d’Atintania sous l’autorité romaine contre le royaume illyrien de Téuta. Le conflit entre les Romains et les Macédoniens va durer 90 ans. Le roi macédonien Philippe V occupe Atintania et Byllis en tant que bases pour ensuite attaquer la ville d’Apollonia détenue par les Romains. À la suite de la défaite de Philippe V en 198 la ville de Byllis retrouve son autonomie et s’allie avec Rome. En 168 avant J-C,pendant la seconde guerre d’Illyrie, les Byllionnes entrent en guerre avec les Romains contre le roi macédonien Genthios. Pour leur part, les Atintanes s’allient aux Macédoniens contre les Romains l’année suivante. En raison de cette coalition Rome envoie des troupes pour piller les Illyriens. Ce pillage est d’une rare violence, puisque 70 villes sont détruites dont Gurëzezë, Margëlliç, Klos et une partie de Byllis.

Byllis dans l’Antiquité tardive

Suite à ces évènements, les Romains prennent le contrôle du royaume d’Illyrie et de Byllis. la cité de Byllis est reconstruite et devient une colonie de vétérans, ainsi qu’une cité puissante d’un point de vue économique (production de lampes à huile) et sécuritaire (beaucoup de militaires). Sous l’influence des Grecs et des Romains, en particulier de l’empereur Théodose, la région est christianisée.En 485 après Jésus-Christ, Byllis accueille un évêque et devient le centre épiscopal de la province byzantine de la Nouvelle Épire (Epirus Nova). À partir du Vème siècle après J-C, de nombreuses églises sont construites. De 547 à 551 Byllis est de nouveau détruite et cette fois-ci seulement un tiers de l’ancienne superficie est rebâtie.

À la fin du Vème siècle, l’Empire byzantin est menacé à la fois à l’Ouest par les Lombards, à l’Est par les Turcs et les Perses, et au Nord par les Slaves et les Avars. Les dirigeants de l’empire décident de protéger en priorité les frontières orientales. Les Slaves en profitent pour faire des incursions dans les Balkans, et ils détruisent Byllis en 586. Cette fois, la cité n’est pas reconstruite et est définitivement abandonnée.